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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 17:34

Bonjour les amis,

Je viens  de voir ROMA d'Alfonso Cuarón, un film qui a gagné le lion d'or à Venise.

Ce film fait la chronique d'une année tumultueuse dans la vie d'une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.

Le titre est volontairement trompeur puisqu'il ne s'agit pas d'un film sur Rome, mais en fait sur ROMA qui est le nom d'un quartier de classe moyenne à Mexico. Mais ce titre est aussi un clin d'oeil appuyé à Fellini, car le film traite de la mémoire intime du réalisateur lorsqu'il était enfant dans son quartier, une mémoire équivalente à celle du grand réalisateur italien.

Alors, disons le tout de suite : ce film est un magnifique hommage à la ville natale de Cuarón mais surtout à Libo qui fut sa nourrice indienne. Ici, Libo est incarnée par le personnage de Cleo, magnifiquement interprétée avec beaucoup de sobriété par Yalitza Aparicio.

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Donc tous les événements que nous allons vivre dans cette chronique d'une année très tumultueuse seront vus à travers les yeux de Cleo. Celle-ci est une nourrice indigène s'occupant d'une famille de 4 enfants dont le père est médecin. Il y a donc Antonio le père, Sofia la mère, les 4 enfants (Sofi, Pepe, Paco et Toño), Teresa la grand-mère maternelle, et aussi Adela l'autre employée de maison qui est indigène elle-aussi.

Le film commence comme une chronique familiale dont le rythme va être bouleversé le jour où Antonio va se séparer de son épouse et de sa famille pour vivre une autre aventure sentimentale.

Cleo, quant à elle connaît un petit ami qui va trahir sa confiance...Les deux femmes, Sofia la maîtresse de maison et Cleo la nourrice, vont s'entraider.

Toutes deux vont affronter courageusement et de manière solidaire leurs problèmes et, à travers la réorganisation de la vie familiale, ce sera l'occasion pour nous de mieux connaître le Mexique de ces années-là.

Sofia veut protéger ses enfants, ne pas les priver de vacances. Elle décide de passer les fêtes de fin d'année avec des amis qui vivent dans une grande hacienda mexicaine, ce qui donnera lieu à certaines scènes tantôt surréalistes, tantôt épiques. Cuarón pratique un humour décalé en nous rappelant certaines pratiques de l'époque qui sont impensables aujourd'hui (scène de tirs au pistolet complètement folklorique entre adultes à moitié ivres devant les enfants lors d'un picnic...ce genre de scène sent le vécu, comme on dit...).

Cleo, elle, nous fait connaître les quartiers insalubres de la ville où résident les personnes de son entourage.

On découvre naturellement à travers ce récit les contrastes sociaux du Mexique de ces années-là...avec les promesses pleines d'optimisme des responsables politiques très en déphasage avec la réalité du quotidien de leurs administrés.

Quand Cleo traverse la ville il y a des magnifiques plans-séquences, très longs et très bien construits, d'une densité incroyable. Ce qui se passe au second plan est aussi important que l'action que se déroule au premier plan. C'est plein de bruits, d'agitation, c'est grouillant de vie...L'image est traitée avec beaucoup de bonheur en noir et blanc, et la photographie est tout simplement superbe.

Cuarón rend un magnifique hommage à sa ville, c'est son AMARCORD de Fellini!

Dans ROMA il y a de l'humour aussi, avec, par exemple, une scène de classe de Karaté dans laquelle le grand maître demande à ses élèves de prendre une position sur un seul pied les yeux fermés...Aucun d'entre eux ne réussit, sauf Cleo qui n'est pas élève et qui observe la classe de l'extérieur...Pas de doute, Cleo est naturellement équilibrée sans avoir à suivre les classes du grand maître! 

Mais le film est surtout un hommage rendu à l'amour des femmes, et plus particulièrement à celui de Cleo qui se préoccupe des enfants de la maison avec la même attention, la même douceur que s'il s' agissait des siens.

Cleo est complètement dans le don de soi. Elle n'a même pas conscience de se sacrifier et il n'y a chez elle aucun sentiment de rébellion.

Elle aime, elle souffre...mais ne juge pas, et ne connaît pas la haine non plus. Ses silences sont sa seule manière d'exprimer ses déceptions.

Cleo est faite de patience et d'amour et elle atteint dans le film une dimension quasi "christique"....Comme une Madonne muette et aimante qui souffre pour nos pêchés.

On vivra des événements tumultueux, terribles, des scènes qui nous font dresser les cheveux sur la tête.

Fermín, le petit ami de Cleo, est une métaphore de la violence terrifiante et endémique qui saisit parfois de manière fiévreuse ce pays. 

Il y a aussi une très belle scène de plage, angoissante et épique, très bien photographiée, avec une mer tourmentée et une intervention admirable de Cleo.

 

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes

Cuarón aime jouer sur les images et nous propose des parallèles très poétiques et métaphoriques...En voici quelques uns sur ce lien youtube intitulé , mar y espuma, mer et écume....

Cleo, qui parle très peu et qui va vivre des événements traumatisants,  fait à la fin du film une confession déchirante, magnifiquement amenée par tout ce qui a précédé.

Le film termine sur une belle métaphore visuelle.

L'hommage de Cuarón à sa nounou indienne est sublime.

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes
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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 18:16

Bonjour les amis,

Il y a deux jours il faisait un p' tit temps frisquet par chez moi, et je me suis dit que c' était le moment idéal pour voir WIND RIVER de Taylor Sheridan.

Bien m' en a pris car c' est un film superbe.

Voici le sinopsis:

Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

WIND RIVER est un très beau film de facture classique.Le premier grand personnage du film c' est une réserve indienne dans le Wyoming durant l' hiver.

Le décor est planté, somptueux, majestueux, imposant le respect.Dans cet univers âpre , la jeune enquêtrice du FBI a besoin de l' aide de Cory le chasseur qui, lui, sait interpréter les moindres signes ou traces dans la neige.

La trame policière reste simple et linéaire.L' enquête avance aussi lentement et sûrement qu' un trappeur avançant dans la neige chaussé de ses raquettes.L' intrigue est surtout un prétexte pour nous mettre en scène les personnages qui vivent dans ces contrées reculées.

 

Voici ce que dit BENOITG20 sur la page d' allociné:

Wind River" est un film âpre, humain et dur tant dans l'univers hostile et glacé, que dans le vécu profond des personnages... C'est une peinture sans concession de laissés pour compte isolés, qui tentent de survivre dans cette réserve indienne du Wyoming. À travers la découverte macabre d'un corps sans vie dans cette neige immaculée, le réalisateur Taylor Sheridan va nous plonger dans un monde où le destin de chacun est ancré à la rudesse de l'endroit et de son climat. Tout n'est que privation, résignation, désillusion et les faits dramatiques qui sont mis en exergue, qu'ils soient passés ou présents ne font que renforcer le malaise que dégage le mal-être de ces personnages... Accepter la douleur, vivre avec, se surpasser pour continuer à exister et faire exister celle ou celui disparu, est ici superbement décrit et même transcendé ! Au delà de l'enquête pourtant bien menée, c'est surtout la dimension humaine, dans tout ce qui concerne le relationnel qui nous touche vraiment... Un film profond, sensible où chaque acteur, en particulier Jeremy Renner, nous révèle une psychologie mise à nu, pour nous atteindre avec pudeur, délicatesse et pertinence. Le sort de cette communauté d'amérindiens est ici un des points essentiels, en étant extrêmement bien montré. Un beau film de à ne pas louper !

J' aimerais juste ajouter que ce film nous parle d' un univers où la valeur des hommes tient à leur force mentale, à leur capacité à surmonter la rudesse des éléments.Ici c' est la montagne qui s' impose aux hommes , et pas le contraire...

Dans cet univers il n' y a pas de hasard et seuls  ceux qui sont à la fois forts mentalement et humbles devant les forces de la nature survivent.

J' ai beaucoup aimé les scènes où Cory initie son fils aux règles qu' il faut respecter dans la nature.Tout se prépare méticuleusement: les sorties, le matériel,l' équipement, les armes...Rien n' est laissé au hasard et il faut savoir observer son environnement, l' évolution du temps qu' il fait, car les erreurs ne pardonnent pas.

J' ai été fortement imprégné par ce film qui m' a vraiment donné l' impression d' en savoir plus sur cette partie des Etats-Unis qui vit en dehors du rêve américain.

Et puis, WIND RIVER m' a ramené à certains souvenirs personnels de mon enfance.

Quand j' avais 10 ans une partie de ma famille s' était décidée à aller chercher fortune au Canada,à Edmonton, en Alberta où nous avons des cousins.C' est une partie au centre du Canada, très continentale avec des hivers très rudes, au moins aussi rudes que ceux qu' on voit dans WIND RIVER.

Mon oncle, et mes grands-parents s' étaient installés à Edmonton fin des années soixante en attendant que le reste de la famille les rejoigne.Ils y ont vécu 3 ans.Finalement, mon père, ma mère,mon oncle et ma tante décidèrent de rester en France, mais ça  s' est joué à très peu de choses.

Ils ont reculé à la dernière minute, mais moi je me souviens bien que je racontais déjà à mes professeurs que toute la famille allait émigrer.Je frimais avec mes petits copains et je m' imaginais déjà vivant comme Davy Crockett et chassant le caribou.

Je frimais devant mes petits copains mais en réalité j' étais très anxieux d' aller vivre dans un pays très éloigné dans lequel les habitants parlent une langue dont je ne connaissais que les rudiments.

Avant-hier, j' ai repensé à ce moment crucial de notre histoire familiale.

Si j' étais allé à Edmonton à l' âge de 12 ans ma vie en aurait été complètement bouleversée...J' aurais vécu à l' américaine dans une  ville entourée de grands espaces très peu peuplés où c' est la nature qui prédomine.

Entre les corons du Nord de la France où je vivais et les grands espaces canadiens, il y avait un monde, une galaxie...

Et avant-hier,en regardant les paysages de WIND RIVER, l' immensité des espaces, je n' ai pas pu m' empêcher de penser que ces espaces auraient pu être les miens...que tout s' est joué à peu de choses...à très peu de choses...

Paysage d' Alberta...

Paysage d' Alberta...

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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 19:21

Bonjour les amis,

Je viens de voir THE REVENANT, et le moins qu' on puisse dire c' est qu' il me laisse sur une impression mitigée.

D' un côté le film possède des qualités indéniables de mise en scène.La première scène est assez époustouflante.

On est immergé dans les grands espaces américains à l' époque de la conquête de l' Ouest, en 1823 très exactement.

Plusieurs thèmes sont traités dans le film.

La colonisation sauvage,le lutte contre les indigènes, le commerce des peaux,le rapport à la Nature,etc...

Le film a l' énorme mérite de nous offrir une vision très réaliste, parfois insupportable, de la violence et de la sauvagerie avec laquelle cette colonisation s' est effectuée.On est très loin des clichés et des visions édulcorées auxquelles Hollywood nous a que trop habitué.

On y voit des colons qui ressemblent à des vrais colons...même chose pour les indiens.

On a l' impression d' être projeté dans le monde réel de cette époque , extêmement dur et âpre.

Malgré tout , le film perd un peu en intensité.Même s' il y a une dimension épique indéniable, les mille et uns tourments dont souffre le protagoniste, et son odyssée restent finalement sans surprise ( ou presque...)

Voici ce que dit un spectateur sur la page d' allociné

D'accord sur le plan technique il n'y a quasi rien a reprocher, les plans sont de toute beauté, les décors naturels sont magnifiques et tout est très réaliste on sent vraiment le côté survie et milieu sauvage dans lequel évoluent les protagonistes.
En ce qui concerne l'histoire et l'action en elle même autant dire que c'est quasi inexistant et le spectateur lambda (comme moi je ne nie pas) se mettra vite à se lasser et trouver le temps long. Pourtant le départ est plutôt bon avec une première scène d'action superbe mais à partir de la péripétie (scène de l'ours) tout devient vite anticipé et on rentre vite dans un schéma monotone (survie pure et dure + vengeance).
A partir de là le temps devient extrêmement long et le film devient vite ennuyeux, de plus Dicaprio n'est pas non plus exceptionnel et exagère son jeu d'acteur. Rajoutons à cela des scènes surréalistes et improbable (franchement personne ne peut résister à une attaque de Grizzli et faire une telle chute ...).
Bref très déçu par un film qui me semble victime d'une certaine Hype, je l'attendais beaucoup pour pas grand chose au final. Une histoire vite emballée, des plans en veux-tu en voilà à tout va qui rajoute d'énormes longueurs au film et qui ne font pas
avancer l'histoire et un Dicaprio surjouant en font un film moyen.

THE REVENANT: un film avec certains défauts mais un film nécessaire...

Cet avis est un peu sévère, notamment sur le jeu de di Caprio qui porte le rôle avec beaucoup d' intensité et de crédibilité, mais ce spectateur met bien le doigt sur le point faible du film.On s' emballe peu à peu dans un scénario long et ennuyeux, quasiment sans surprises...On souffre avec Leonardo pendant 2 heures et demie.

Alors, pourquoi faudrait-il voir ce film ?

Tout simplement parce qu' il nous offre l' une des visions les plus réalistes qu' il m' ait jamais été donné de voir sur cette période de l' histoire.

Rien que le Fort commercial perdu dans les montagnes vaut le déplacement.Je n' ai vu ça dans aucune scène de film de far west, et Dieu sait si j' en ai vu...

Ce film m' a fait penser à des textes que j' ai étudié au lycée en première,à des témoignages historiques, mais sans que je ne voie jamais aucune version cinématographique qui s' en approche.

Il y a une violence visuelle constante rien que par l' aspect des personnages, rien qu' en voyant les visages marqués par les maladies ou les cicatrices des colons, sans même parler de celui de Di Caprio...

Il y a aussi une violence de la Nature.

Petite parenthèse.J' ai vu les 8 salopards de Tarantino qui n' a rien à voir avec tout ça , plein d' humour noir avec une violence qui fait rire, avec des personnages qui vomissent des litres de sang de manière assez kitsch et rigolote...par contre dans ce film, j' ai évité de regarder l' écran 2 ou 3 fois car les images étaient à la limte du supportable, d' un réalisme extrême.

Mais il faut reconnaître aussi qu' il n' y a aucune complaisance du metteur en scène.Il nous met le doigt sur des plaies qui ressemblent à des vraies plaies.

Moi, je ne sais pas si c' est un bon film, mais ce qui est sûr c' est que c' est un excellent reportage historique sur cette période trouble de l' humanité, un reportage dont je ne connais pas d' autre équivalent.

Rien que pour ça il faudrait voir ce film...et si j' étais prof d' histoire, je passerais quelques morceaux choisis en classe...

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