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10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 07:46

Bonjour les amis,

Je vous avais dit, il y a peu et sur le lien ci-dessous, tout le bien que je pensais de MADEMOISELLE le film de Park Chan-Wook

Il faut savoir que le film est tiré d' un roman de Sarah Waters et que l' histoire originale se situe en Angleterre en 1862 à l' époque victorienne.

Il existe d' ailleurs , une très belle adaptation de la BBC, réalisée avec des moyens conséquents, complètement disponible sur Youtube

Alors, j' ai décidé de faire les choses dans l' ordre et de lire d' abord le roman de Sarah Waters intitulé FINGERSMITH avant de regarder l' adaptation de la BBC.

J' avais commencé la lecture avec une traduction espagnole disponible à ma bibliothèque municipale, et puis , cette semaine j' ai reçu la traduction française que ma soeur a eu la gentillesse de m' envoyer.

J' ai donc repris la lecture depuis le début pour me replonger dans cette histoire.

Traductions et anachronismes linguistiques...

Au début du roman la petite Sue Trinder a eu très peur après avoir assisté à une scène violente dans un théâtre londonien et Mme Sucksby, la dame qui s' en occupe, la rassure.

EXTRAIT:

Elle me prit sur ses genoux, et me cajola lorsque mes larmes se remirent à couler , à grands renforts de " La, la, ma puce ! et " d' allons bon !"

Dans la  version originale anglaise ça donne ceci:

She took me upon her lap, and I wept again. 'There now, my lamb,' she said. 

Alors il faut louer l' effort de la traductrice qui essaie de redonner une forme française au dialogue, mais là,elle commet me semble t' il une petite erreur qui m' a fait tiquer tout de suite.

" Ma puce" dans le sens d' appellatif affectueux pour une petite fille est une utilisation déjà très moderne de ce vocable.

Glisser cette expression ( typique des sitcoms américaines) dans un dialogue datant du XIX ème siècle m' a fait le même effet que si, d' un seul coup, cette brave Mme Sucksbye avait reçu sur son I-Phone un message par Whatsapp...

Si on veut que les dialogues soient crédibles il faut utiliser des expressions d' époque et éviter les anachronismes qui font sourire.

Alors, pour la petite histoire, je suis quand même allé vérifier sur le dictionnaire d' Emile LITTRE ( 1801-1881) que le sens attribué par la traductrice n' existait pas à l' époque.

Par contre l' expression" avoir la puce à l' oreille" si chère à Raymond Devos existait bel et bien.

C' est ici à 37 secondes...

Bon , revenons, à la traduction française du roman qui, mis à part cette petite coquille, m' a l' air de très très bonne qualité.Mais je vous en dirai plus une fois que j' en aurai terminé la lecture...Ensuite je regarderai l' adaptation de la BBC...affaire à suivre donc.....

PS: Quand les Monty Pyton avaient réalisé LA VIE DE BRIAN ils avaient voulu un peu se moquer , entre autres,  de tous ces péplums américains où les personnages n' ont pas du tout un langage vivant.Ils ont l' air très figés et parlent comme dans les livres sacrés.

Comme dit Amadeus dans le film de Forman: " Ils ont l' air de chier du marbre...".

Donc le dialogue historique doit à la fois être vivant ( car les personnages de l' époque étaient aussi vivants que nous le sommes aujourd' hui et ne s' exprimaient pas dans un registre hyper académique qui nous fait bien sourire ) mais aussi crédible et exempt d' anachronismes qui cassent la vraisemblance des propos....

Allez, en cadeau, je vous remets l' extrait de " la sandale" de ce film vraiment génial.

Même Emmanuel Carrère le cite dans son très sérieux et brillant essai intitulé LE ROYAUME.

Y' en a t' il  parmi vous qui n' auraient pas encore vu ce film ?

Dans ce cas il faut y remédier, toutes affaires cessantes...-)

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