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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 12:13

Bonjour les amis,

Le 23 Février dernier l' ensemble des médias rappelait que c' était le 35 ème anniversaire de la tentative de coup d' Etat contre la jeune démocratie espagnole, menée par le lieutenant-colonel de la Garde Civile Antonio Tejero qui fit une entrée dans l'´hémicycle du parlement en tirant des coups de feu au plafond et en ordonnant à tout le monde de s' allonger sur le sol.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d%27%C3%89tat_du_23_f%C3%A9vrier_1981

A ce moment précis, il y a un des députés qui sait qu' il est l' une des cibles de ce coup d' Etat.C' est Santiago Carrillo, un communiste de la première heure, farouche adversaire du Général Franco qui a risqué plusieurs fois sa vie dans sa lutte contre le franquisme et qui a dû passer de nombreuses décennies en exil.

Le retour négocié de Santiago Carrillo en Espagne et la levée de l' illégalisation du partie communiste espagnol ne se sont pas fait sans grincements de dents, notamment au sein de l' armée...

Alors, quand Santiago voit Tejero entrer en armes, il sait qu' il est la personne qui court le plus de risques à cet instant , lui, l' ennemi historique haï par toute l' extrême-droite espagnole.

Au moment où Tejero hurle " Tout le monde par terre" Santiago ne bouge pas d' un seul centimètre et n' amorce pas le moinde mouvement vers le sol.

Il est hors de question qu' un mec comme lui s' allonge devant des fascistes.

Il n' a pas passé toute sa vie à risquer sa peau en luttant dans la clandestinité pour s' allonger par terre et offrir à ses pires ennemis un tel spectacle.

Tous les députés obtempèrent mais lui reste là, impassible , bien droit.

Santiago Carrillo, l' homme qui ne s' est jamais allongé...

Sur la vidéo ci-dessous ( malheureusement non traduite) à 3 minutes 20 secondes on l' entend expliquer qu' en tant que député élu,représentant du peuple de Madrid, il lui était impossible de s' allonger par terre.On voit cette image d' anthologie à 3 minutes 57 secondes.

Il raconte ensuite comment un des gardes est monté lui demander avec insistance de s' allonger mais qu' il s' y est opposé.Quelques minutes plus tard, d' autres gardes lui ont ordonné de les suivre dans une des salles attenantes du parlement.

Bien évidemment, Carrillo se doute qu' il est peut-être en train de vivre les derniers instants de sa vie et qu' ils vont sans doute lui tirer une balle dans la nuque.

Les gardes l' installent dans la salle avec d' autres représentants, et commence alors une longue nuit durant laquelle Carillo aura tout le temps de méditer sur son destin, sur les problèmes internes qu' il a eu au sein de son parti.Il raconte que ça aura été une nuit très pénible mais que le plus important pour lui restait le fait de ne pas perdre sa dignité et que ces " canailles" ne puissent se rire de lui...

Carrillo explique que durant cette longue nuit, il aura eu le temps de penser à sa famille, à sa femme et surtout à ses enfants et qu' il ne voulait surtout pas leur laisser l' image d' un père humilié.

La suite, vous la connaissez...intervention du Roi Juan Carlos qui réussit à convaincre les putschistes de rendre les armes.

Je crois que tout lycéen espagnol devrait voir et entendre cette interview au moins une fois durant sa scolarité.Elle est d' une telle exemplarité.

Quant à moi les amis, cette scène je l' ai complètement intériorisé.

Dieu que je le comprends, Santiago !

"Pas question qu' une bande d' ordures me couche par terre ! Ce serait pire que la mort ! "

Ce qu' il a fait est une leçon de dignité pour tout un peuple qui a supporté plus de 40 ans de dictature.

On ne couche pas par terre la démocratie, ni la liberté d' expression...

Santiago Carrillo, l' homme qui ne s' est jamais allongé...

PS: si vous allez lire l' article wikipédia que j' ai mis en lien , vous y apprendrez au paragraphe intilulé " Les réactions internationales" que la CIA, et donc Reagan étaient " très probablement" au courant de la préparation d' un putsch,et qu' il y avait eu des " contacts" préliminaires avec les putschistes.

Les Etats-Unis n' ont pas levé le petit doigt pour empêcher le coup d' Etat, observant par là, une attitude " neutre" et considérant, selon les termes du secrétaire d' Etat de l' époque, que c' est " une affaire interne"...Bin voyons !

PS nº 2: des communistes espagnols qui avaient dû s' exiler en France, j' en ai connu lorsque j' étais affilié à une cellule du PC du Val de Marne.Autant vous dire les amis que, face à eux, notre attitude de jeune militant de l' époque tenait en 2 mots: TOTAL RESPECT !!!

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