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10 avril 2021 6 10 /04 /avril /2021 05:39

Bonjour les amis,

J'ai eu l'occasion de voir cette semaine sur les conseils d'un bon ami LE LION EST MORT CE SOIR du réalisateur japonais Nabuhiro Suwa.

Voici le synopsis:

Dans le Sud de la France, Jean, un acteur rattrapé par le passé, s'installe, clandestinement, dans une maison abandonnée où vécut jadis Juliette, le grand amour de sa vie. Une bande d'enfants du quartier, apprentis cinéastes, découvre la même demeure, décor parfait de leur prochain film.
Jean et les enfants tomberont nez à nez, tôt ou tard... 

 

Difficile de parler de ce film qui aborde de manière légère et aérienne des sujets graves comme la vieillesse, la mort, le temps perdu qu'on ne rattrape plus.

C'est l'une des rares fois où j'adhère sur la page allociné aux critiques à la fois positives et négatives.

Commençons par la critique d'un spectateur déçu:

Le film démarre de façon classique, avec le tournage d’un film réalisé par Louis-Do de LENCQUESAING où joue Jean-Pierre LEAUD. Une actrice étant malade, Jean-Pierre Léaud profite de 3 jours de liberté pour visiter la région (le film a été, notamment, tourné dans les Alpes-Maritimes et le Var) ;il se rend dans une villa abandonnée où il trouve la photo de la femme qu'il a aimée Juliette, morte en pleine jeunesse. Il s'endort et converse avec Juliette. Tout se gâte avec l’arrivée d’enfants, passionnés de cinéma et qui tournent un film amateur dans la villa. Jean-Pierre Léaud décide de s’intégrer au tournage… Ça reste proche de l’improvisation ; certes, les enfants jouent avec beaucoup de naturel [on est loin, quand même, de « L’argent de poche » (1976) de François Truffaut], avec des dialogues assez plats, sans fil conducteur. C’est le Club Dorothée revisitant la Nouvelle Vague ! Pourtant, il y avait matière à développer sur le temps qui passe, le deuil, les personnes défuntes mais l’intrusion des enfants, sans réelle valeur ajoutée, gâche le film. 

Voici maintenant deux commentaires plus positifs.

 "Accompagné d'une lumière solaire, rayonnante le film parvient tour à tour à être profondément joyeux, peut-etre grâce aux enfants (ou ce grand enfant qu'est Jean-Pierre Léaud). La joie est un sentiment difficile à décrire, disons que le temps s'y déroule harmonieusement. Par ailleurs, le film est traversé de moments troubles, la fiction s'amusant au cours du film à copier la réalité, et inversement, et la présence de la mort se fait sentir. Avec Pauline Etienne et sa présence diaphane .Un film fragile mais avec une vraie identité."

 

"Quel plaisir de retrouver Jean-Pierre Léaud. ! J'ai pris beaucoup de plaisir à voir ce film singulier, si solaire. On y parle de la mort avec légèreté et sagesse. C' est très profond, émouvant, et très simple. Une belle histoire de fantômes et d'enfants."

Alors, à vous de vous faire votre propre idée si le thème vous intéresse. 

Pour ma part, j'ai été sensible à la lumière du sud, à la façon naturelle avec laquelle J.P. Léaud aborde son rôle et la sérénité avec laquelle il se prépare à la mort. Ses rencontres avec l'être aimé apportent des moments à la fois de  trouble, de poésie et de magie. J'ai été au départ  agacé par l'irruption des enfants dans le film, trouvant le motif de leur présence un peu artificiel, mais l'univers spontané, insouciant et vivant de l'enfance confronté à celui de la vieillesse permet au réalisateur  de tout remettre en perspective avec légèreté...Léaud offre à ces enfants la patience et l'attention auxquelles Antoine Doinel n'a pas eu droit dans sa jeunesse. Il y a quelque part comme une grande réconciliation finale assez jubilatoire, comme si ce film bouclait la boucle artistique de J.P. Léaud.

Et puis, il y a un moment étonnant dans le film. Léaud  se met à chantonner de manière intérieure et déchirée, comme une lointaine réminiscence du passé, la chanson de Guy Béart  ALLÔ TU M'ENTENDS ?

D'un seul coup, et dans le contexte de la situation vécue par le personnage de Jean, cette chanson de Béart prend une résonance et une intonation plus profondes.

Ce que je ne savais pas, ou plutôt ce que j'avais oublié,  c'est que Léaud avait déjà interprété la chanson de Béart dans WEEK-END  de Godard en 1967.

 

Donc Léaud se répond à lui-même à 50 ans d'intervalle...et nous trouble profondément.

Pour finir ce billet réécoutons la version originale de Guy Béart...Après avoir vu le film de Suwa, je vous avouerais que je ne l'entends plus complètement de la même façon.

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