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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 16:43

Bonjour les amis,

On m'avait conseillé la semaine dernière de voir THE FATHER de Florian Zeller, et c'est maintenant chose faite.

Voici le synopsis.

Anthony (Anthony Hopkins) octogénaire acerbe, et quelque peu espiègle, s'obstine à vivre seul et à rejeter toutes les personnes que sa fille Anne (Olivia Coleman) engage pour s'occuper de lui. Or le vieillard est atteint de troubles graves, de pertes de mémoire, et semble de plus en plus déconnecté de la réalité...

L'idée du film est assez originale : le spectateur suit toute la narration avec les yeux d'Anthony. On est dans sa peau. On voit les choses telles que lui les voit.

Or, Anthony est confronté à des incohérences, à l'incompréhension. Il ne comprend plus avec qui il parle, ni même parfois où il se trouve...Le monde s'apparente à un puzzle angoissant dont il n'y a pas moyen d'assembler correctement les pièces. Les visages changent, les prénoms aussi...

Tout est filmé sur le mode d'un thriller psychologique avec des moments de tension qui sont parfois hithcockiens.

Anne est plongée au coeur d'un terrible dilemme. Elle essaie désespérément de trouver une solution qui lui permette de respecter les volontés de son père sans qu'il ne lui en coûte de renoncer à sa propre vie.

Le spectateur, quant à lui tente, de décrypter cette réalité parallèle absurde vécue par Anthony mais ce n'est pas toujours simple. On sait bien qu' Anthony est dans la confusion mais on a nous aussi a des difficultés à rétablir la vérité. Du coup, on se trouve réellement dans la peau de quelqu'un qui souffrirait de démence sénile ou de la maladie d'Alzheimer. 

L'impossibilité de rendre le monde intelligible génère une terrible angoisse.

THE FATHER est un film dur, éprouvant et parfois suffocant.

Il y a aussi le fait que les troubles d'Anthony lui font révéler, sans filtres, les secrets les plus intimes qui le lient à sa fille. Certaines de ses pensées profondes de père ont sans doute été occultées tout au long de sa vie mais là, il les révèlent de manière complètement désinhibée, ce qui fait de ce film un récit cruel également : un face-à-face père-fille implacable qui demandera à Anne beaucoup d'amour et de compréhension.

Le film serait à la limite du supportable s'il n'était pas servi par d'immenses acteurs qui interprètent chacun leurs rôles avec sensibilité. Hopkins fait montre de toute la palette de son  talent...et Coleman nous bouleverse.

Les seconds rôles aussi sont interprétés aussi avec beaucoup de justesse psychologique.

THE FATHER est un film qui perturbe terriblement car on connaît tous dans notre entourage des Anthony, sans nécessairement imaginer toute la souffrance que la démence sénile peut provoquer chez eux et chez leurs proches.

 

 

 

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10 avril 2021 6 10 /04 /avril /2021 05:39

Bonjour les amis,

J'ai eu l'occasion de voir cette semaine sur les conseils d'un bon ami LE LION EST MORT CE SOIR du réalisateur japonais Nabuhiro Suwa.

Voici le synopsis:

Dans le Sud de la France, Jean, un acteur rattrapé par le passé, s'installe, clandestinement, dans une maison abandonnée où vécut jadis Juliette, le grand amour de sa vie. Une bande d'enfants du quartier, apprentis cinéastes, découvre la même demeure, décor parfait de leur prochain film.
Jean et les enfants tomberont nez à nez, tôt ou tard... 

 

Difficile de parler de ce film qui aborde de manière légère et aérienne des sujets graves comme la vieillesse, la mort, le temps perdu qu'on ne rattrape plus.

C'est l'une des rares fois où j'adhère sur la page allociné aux critiques à la fois positives et négatives.

Commençons par la critique d'un spectateur déçu:

Le film démarre de façon classique, avec le tournage d’un film réalisé par Louis-Do de LENCQUESAING où joue Jean-Pierre LEAUD. Une actrice étant malade, Jean-Pierre Léaud profite de 3 jours de liberté pour visiter la région (le film a été, notamment, tourné dans les Alpes-Maritimes et le Var) ;il se rend dans une villa abandonnée où il trouve la photo de la femme qu'il a aimée Juliette, morte en pleine jeunesse. Il s'endort et converse avec Juliette. Tout se gâte avec l’arrivée d’enfants, passionnés de cinéma et qui tournent un film amateur dans la villa. Jean-Pierre Léaud décide de s’intégrer au tournage… Ça reste proche de l’improvisation ; certes, les enfants jouent avec beaucoup de naturel [on est loin, quand même, de « L’argent de poche » (1976) de François Truffaut], avec des dialogues assez plats, sans fil conducteur. C’est le Club Dorothée revisitant la Nouvelle Vague ! Pourtant, il y avait matière à développer sur le temps qui passe, le deuil, les personnes défuntes mais l’intrusion des enfants, sans réelle valeur ajoutée, gâche le film. 

Voici maintenant deux commentaires plus positifs.

 "Accompagné d'une lumière solaire, rayonnante le film parvient tour à tour à être profondément joyeux, peut-etre grâce aux enfants (ou ce grand enfant qu'est Jean-Pierre Léaud). La joie est un sentiment difficile à décrire, disons que le temps s'y déroule harmonieusement. Par ailleurs, le film est traversé de moments troubles, la fiction s'amusant au cours du film à copier la réalité, et inversement, et la présence de la mort se fait sentir. Avec Pauline Etienne et sa présence diaphane .Un film fragile mais avec une vraie identité."

 

"Quel plaisir de retrouver Jean-Pierre Léaud. ! J'ai pris beaucoup de plaisir à voir ce film singulier, si solaire. On y parle de la mort avec légèreté et sagesse. C' est très profond, émouvant, et très simple. Une belle histoire de fantômes et d'enfants."

Alors, à vous de vous faire votre propre idée si le thème vous intéresse. 

Pour ma part, j'ai été sensible à la lumière du sud, à la façon naturelle avec laquelle J.P. Léaud aborde son rôle et la sérénité avec laquelle il se prépare à la mort. Ses rencontres avec l'être aimé apportent des moments à la fois de  trouble, de poésie et de magie. J'ai été au départ  agacé par l'irruption des enfants dans le film, trouvant le motif de leur présence un peu artificiel, mais l'univers spontané, insouciant et vivant de l'enfance confronté à celui de la vieillesse permet au réalisateur  de tout remettre en perspective avec légèreté...Léaud offre à ces enfants la patience et l'attention auxquelles Antoine Doinel n'a pas eu droit dans sa jeunesse. Il y a quelque part comme une grande réconciliation finale assez jubilatoire, comme si ce film bouclait la boucle artistique de J.P. Léaud.

Et puis, il y a un moment étonnant dans le film. Léaud  se met à chantonner de manière intérieure et déchirée, comme une lointaine réminiscence du passé, la chanson de Guy Béart  ALLÔ TU M'ENTENDS ?

D'un seul coup, et dans le contexte de la situation vécue par le personnage de Jean, cette chanson de Béart prend une résonance et une intonation plus profondes.

Ce que je ne savais pas, ou plutôt ce que j'avais oublié,  c'est que Léaud avait déjà interprété la chanson de Béart dans WEEK-END  de Godard en 1967.

 

Donc Léaud se répond à lui-même à 50 ans d'intervalle...et nous trouble profondément.

Pour finir ce billet réécoutons la version originale de Guy Béart...Après avoir vu le film de Suwa, je vous avouerais que je ne l'entends plus complètement de la même façon.

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