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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 11:55

Bonjour les amis,

durant la conférence de presse qui a suivi la projection au festival de Venise de THE PROMISED LAND, un film danois de Nicolaj Arcel, il s'est produit un moment un peu surréaliste lors d'une question posée par un journaliste interpellant Mads Mikkelsen et Nicolaj Arcel au sujet du manque de diversité du casting exclusivement composé d'acteurs nordiques.

Voici sur le lien ci-dessous une traduction en français des échanges qui ont eu lieu.

Voici maintenant la vidéo correspondant à la question du journaliste.

Alors, que dire si ce n'est que nous touchons là le comble de l'absurde avec les nouvelles normes hollywoodiennes.

Le journaliste demande pourquoi il y a un manque de diversité ethnique et le réalisateur tente de clore le débat avec une réponse qui théoriquement est sans appel.

Arcel répond au journaliste : " L'action se passe au Danemark en 1750 ....."

Tout est dit dans cette simple phrase qui m'a fait éclater de rire !

On pourrait croire que cette évidence va mettre un terme à l'échange mais le journaliste insiste en expliquant que le film coréen PARASITE a pu entrer en compétition du meilleur film étranger pour les Oscars parce qu'il faisait apparaître une minorité sous-représentée, ce qui n'est pas le cas dans THE PROMISED LAND.

Vous pourrez noter qu'au début de l'échange Mads Mikkelsen se marre. Il est plié en deux et, progressivement, il va se sentir très agacé par l'insistance du journaliste qui affirme que le film ne pourra pas être sélectionné par l'académie des Oscars.

Ce bref échange montre bien que Hollywood a une énorme influence qui s'étend au delà des frontières étasuniennes.

Je voudrais simplement rappeler que si l'on impose des quotas d'appartenance aux minorités (qu'elles soient ethniques ou sexuelles) cela risque de se faire au détriment de la crédibilité, de la vraisemblance et de la véracité historique d'une oeuvre.

Cela risque de se faire aussi au détriment du sens d'une oeuvre qui incluerait des personnages "exotiques" à l'histoire qui décentreraient de manière inutile l'attention du spectateur.

C'est déjà ce qui se passe aujourd'hui avec de nombreuses séries Netflix où apparaissent certains personnages secondaires qui n'apportent rien au récit et qui sont créés artificiellement simplement pour respecter le cahier des charges de représentations des minorités.

Mis à part les africains et les asiatiques, va-t-il falloir mettre aussi des gays et des trans dans le film d'Arcel pour satisfaire les exigences hollywoodiennes et pour ne pas froisser la communauté LGTB?

Est-ce que ça va faire partie du cahier des charges que tout créateur devra respecter même si ça va à l'encontre du thème qu'il veut traiter et que ça n'a rien à voir avec son histoire?

Si demain un réalisateur veut faire un film sur une communauté d'esquimaux du XIX ème siècle devra-t-il y inclure aussi quelques africains ou afro-américains?

Tout cela est absurde et Hollywood nous ramène au temps du Maccarthysme en imposant de nouvelles normes liberticides. Avec une différence toutefois. Ce coup-ci il s'agit, pour la première fois dans l'histoire de l'occident, d'une inquisition liberticide qui émane de la gauche et de l'intelligentsia.

PS: Pour revenir au cinéma, et à des choses plus sérieuses, je vous laisse avec la bande-annonce du film de Nicolaj Arcel dont voici le synopsis:

Danemark 1755, le capitaine Ludvig Kahlen part à la conquête d’une lande danoise inhabitable avec un objectif impossible : établir une colonie au nom du roi en échange d’un titre royal qui le sortirait de la misère. Mais le seigneur de la région, l'impitoyable Frederik de Schinkel, croit avec arrogance que cette terre lui appartient et fera tout pour étouffer les projets de Kahlen…

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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 17:34

Bonjour les amis,

Je viens  de voir ROMA d'Alfonso Cuarón, un film qui a gagné le lion d'or à Venise.

Ce film fait la chronique d'une année tumultueuse dans la vie d'une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.

Le titre est volontairement trompeur puisqu'il ne s'agit pas d'un film sur Rome, mais en fait sur ROMA qui est le nom d'un quartier de classe moyenne à Mexico. Mais ce titre est aussi un clin d'oeil appuyé à Fellini, car le film traite de la mémoire intime du réalisateur lorsqu'il était enfant dans son quartier, une mémoire équivalente à celle du grand réalisateur italien.

Alors, disons le tout de suite : ce film est un magnifique hommage à la ville natale de Cuarón mais surtout à Libo qui fut sa nourrice indienne. Ici, Libo est incarnée par le personnage de Cleo, magnifiquement interprétée avec beaucoup de sobriété par Yalitza Aparicio.

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Donc tous les événements que nous allons vivre dans cette chronique d'une année très tumultueuse seront vus à travers les yeux de Cleo. Celle-ci est une nourrice indigène s'occupant d'une famille de 4 enfants dont le père est médecin. Il y a donc Antonio le père, Sofia la mère, les 4 enfants (Sofi, Pepe, Paco et Toño), Teresa la grand-mère maternelle, et aussi Adela l'autre employée de maison qui est indigène elle-aussi.

Le film commence comme une chronique familiale dont le rythme va être bouleversé le jour où Antonio va se séparer de son épouse et de sa famille pour vivre une autre aventure sentimentale.

Cleo, quant à elle connaît un petit ami qui va trahir sa confiance...Les deux femmes, Sofia la maîtresse de maison et Cleo la nourrice, vont s'entraider.

Toutes deux vont affronter courageusement et de manière solidaire leurs problèmes et, à travers la réorganisation de la vie familiale, ce sera l'occasion pour nous de mieux connaître le Mexique de ces années-là.

Sofia veut protéger ses enfants, ne pas les priver de vacances. Elle décide de passer les fêtes de fin d'année avec des amis qui vivent dans une grande hacienda mexicaine, ce qui donnera lieu à certaines scènes tantôt surréalistes, tantôt épiques. Cuarón pratique un humour décalé en nous rappelant certaines pratiques de l'époque qui sont impensables aujourd'hui (scène de tirs au pistolet complètement folklorique entre adultes à moitié ivres devant les enfants lors d'un picnic...ce genre de scène sent le vécu, comme on dit...).

Cleo, elle, nous fait connaître les quartiers insalubres de la ville où résident les personnes de son entourage.

On découvre naturellement à travers ce récit les contrastes sociaux du Mexique de ces années-là...avec les promesses pleines d'optimisme des responsables politiques très en déphasage avec la réalité du quotidien de leurs administrés.

Quand Cleo traverse la ville il y a des magnifiques plans-séquences, très longs et très bien construits, d'une densité incroyable. Ce qui se passe au second plan est aussi important que l'action que se déroule au premier plan. C'est plein de bruits, d'agitation, c'est grouillant de vie...L'image est traitée avec beaucoup de bonheur en noir et blanc, et la photographie est tout simplement superbe.

Cuarón rend un magnifique hommage à sa ville, c'est son AMARCORD de Fellini!

Dans ROMA il y a de l'humour aussi, avec, par exemple, une scène de classe de Karaté dans laquelle le grand maître demande à ses élèves de prendre une position sur un seul pied les yeux fermés...Aucun d'entre eux ne réussit, sauf Cleo qui n'est pas élève et qui observe la classe de l'extérieur...Pas de doute, Cleo est naturellement équilibrée sans avoir à suivre les classes du grand maître! 

Mais le film est surtout un hommage rendu à l'amour des femmes, et plus particulièrement à celui de Cleo qui se préoccupe des enfants de la maison avec la même attention, la même douceur que s'il s' agissait des siens.

Cleo est complètement dans le don de soi. Elle n'a même pas conscience de se sacrifier et il n'y a chez elle aucun sentiment de rébellion.

Elle aime, elle souffre...mais ne juge pas, et ne connaît pas la haine non plus. Ses silences sont sa seule manière d'exprimer ses déceptions.

Cleo est faite de patience et d'amour et elle atteint dans le film une dimension quasi "christique"....Comme une Madonne muette et aimante qui souffre pour nos pêchés.

On vivra des événements tumultueux, terribles, des scènes qui nous font dresser les cheveux sur la tête.

Fermín, le petit ami de Cleo, est une métaphore de la violence terrifiante et endémique qui saisit parfois de manière fiévreuse ce pays. 

Il y a aussi une très belle scène de plage, angoissante et épique, très bien photographiée, avec une mer tourmentée et une intervention admirable de Cleo.

 

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes

Cuarón aime jouer sur les images et nous propose des parallèles très poétiques et métaphoriques...En voici quelques uns sur ce lien youtube intitulé , mar y espuma, mer et écume....

Cleo, qui parle très peu et qui va vivre des événements traumatisants,  fait à la fin du film une confession déchirante, magnifiquement amenée par tout ce qui a précédé.

Le film termine sur une belle métaphore visuelle.

L'hommage de Cuarón à sa nounou indienne est sublime.

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes
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