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18 janvier 2024 4 18 /01 /janvier /2024 09:59

Bonjour les amis,

Aujourd'hui je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous une interview de l'acteur et humoriste britannique Ricky Gervais expliquant à Stephen Colbert sa manière de concevoir l'athéisme. Il dit ceci:

"Ce n'est pas un système de croyance, c'est seulement le rejet de l'affirmation "Dieu existe", par manque de preuves..."

Ecoutez sur le lien ci-dessous cet échange de 3 minutes:

https://www.youtube.com/watch?v=fQQ_YpmQ1WE

La conversation qui est conforme à l'esprit des talk-shows est très plaisante et, sur un ton badin, Gervais explique qu'il y a grosso modo  sur notre planète 3000 croyances différentes en Dieu et que Colbert (qui est croyant) ne croit qu'en un seul Dieu: donc la différence entre le présentateur et lui c'est que Colbert ne croit pas en 2999 Dieux alors que lui ne croit pas en 3000...

Ça leur fait un Dieu de différence sur 3000 !

Bien vu! Une façon intelligente et malicieuse de retourner un reproche à quelqu'un en lui disant:

"Vous me reprochez 3000 non-croyances alors que vous, vous en pratiquez 2999..."

Trop drôle.

Comme disent les américains qui aiment glisser des locutions françaises dans leurs conversations: "Touché !..."

Comme dans les compétitions d'escrime !

 

Par ailleurs, et puisque je parle de croyances et d'humour, je vous présente un extrait du livre passionnant d'Amin Maalouf intitulé LE NAUFRAGE DES CIVILISATIONS. J'aurai l'occasion de revenir plus tard sur ce livre qui est très riche d'enseignements pour nous tous, qui nous en apprend sur nous-mêmes et sur les autres cultures. Un livre très lucide, souvent tragique, mais qui ne se veut pas désespérant.

A un moment, dans son livre Maalouf parle d'une intervention dans les années 50 de Nasser qui fait de l'humour sur le port du voile...

Voici d'abord la scène sur ce lien youtube:

https://www.youtube.com/watch?v=fnDY6WfqDw8

Voici ce que dit Amin Maalouf au sujet de cette scène d'anthologie:

"Le raïs est si amusé par ce qu’il relate qu’il a du mal à reprendre son discours. Il avale une gorgée d’eau. Et quand il parvient à surmonter son fou rire, il se met à énumérer les demandes formulées, selon lui, par le dirigeant islamiste : les femmes ne doivent plus travailler, les cinémas et les théâtres doivent fermer, etc. « En d’autres termes, il faut que l’obscurité règne partout ! » De nouveau, les rires… Les Arabes qui regardent ces images un demi-siècle plus tard n’ont plus aucune envie de rire. Ils ont plutôt envie de pleurer. Parce qu’un tel discours, de la part d’un de leurs dirigeants, serait aujourd’hui impensable. Traiter par la plaisanterie la question du voile, alors que tant de gens la prennent au tragique ? Il y a fort à parier, d’ailleurs, que les femmes qui étaient présentes dans la salle, si elles sont encore de ce monde, et aussi les filles et les petites-filles des hommes de l’assistance, sont toutes, à présent, sagement voilées. Parfois de leur propre volonté, et parfois parce que la pression sociale ne leur laisse aucun choix. Ai-je besoin de rappeler que le dirigeant qui parlait ainsi n’était pas un politicien parmi d’autres, que ce n’était pas le chef de file d’une faction laïque radicale, mais qu’il était – et de très loin ! – le dirigeant le plus populaire du monde arabe et de l’ensemble du monde musulman ? Ses photos étaient partout, à Beyrouth comme au Caire, et aussi à Alger, à Nouakchott, à Aden, à Bagdad, et jusqu’à Karachi ou Kuala Lumpur. On attendait de lui qu’il redonne à ses compatriotes et à ses coreligionnaires leur dignité. Depuis sa disparition, personne n’a réussi à prendre sa place dans les cœurs...."

Et oui, NASSER c'était pas CHARLIE, c'était ni plus ni moins que le dirigeant le plus respecté du monde arabe...De quoi faire réfléchir sur le terrain perdu pour les libertés depuis ces années-là et aussi de quoi faire douter ceux qui croient que les pays arabes ne peuvent inexorablement pas s'ouvrir à la modernité. Ce qui a été conquis une fois peut toujours se reconquérir.

PS: J'ai eu une petite surprise dans le livre de Maalouf. Il parle d'un poète arabe dont j'ignorais l'existence, né à quelques kilomètres d'où je vis, à Denia, dans le sud-est de l'Espagne. Extrait de ce que dit Maalouf:

"Je garde constamment avec moi, inscrites sur un bristol plié, ces paroles d’un poète arabe méconnu, Omayyah Ibn Abissalt al-Andalusi, né à Dénia, en Espagne, au XI ème siècle : Si je suis fait d’argile, La terre entière est mon pays Et toutes les créatures sont mes proches..."

Il aura donc fallu que ce soit un auteur franco-libanais qui m'apprenne l'existence d'un poète né près de chez moi...trop fort ! J'ai vérifié, depuis ma lecture, qu'il existe bien à Dénia une rue portant le nom de ce poète du XI ème siècle !

Amin Maalouf

Amin Maalouf

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2 février 2022 3 02 /02 /février /2022 11:34

Bonjour les amis,

Après avoir été ébloui par ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli, Fatizo m'a recommandé de voir son film antérieur L'APPARITION.

 

Je souscris à tout ce qu'a écrit mon ami. Je soulignerais aussi qu'une part importante de ce film est dans le non-dit, dans les expressions, dans les gestes, dans les regards.

C'est aussi un film dans lequel le metteur en scène laisse au spectateur compléter certains blancs en lui fournissant simplement des pistes, des éléments indicateurs qui lui permettront d'imaginer une part de la narration. Gionnali parie sur l'intelligence du spectateur, ne se sent pas obligé d'être trop explicite.

L'interprétation de Galatea Bellugi apporte beaucoup de consistance au récit. Son regard lisse, ouvert, candide, parfois solaire nous touche, nous magnétise... comme une révélation...

J'ai été bouleversé par la partie finale que je trouve très subtile et assez géniale mais aussi, j'ai été saisi d'un léger doute: je me suis demandé si je n'avais pas raté un élément important du récit...J'ai donc fait des recherches pour être sûr de ne pas être passé à côté d'un détail-clé et je suis tombé sur une critique très complète du film  que je partage avec vous. Une critique qui a élargi également mon champ de perception de cette oeuvre.

Ce brillant article a donc confirmé ce que j'avais capté moi-même, à savoir, que le film termine d'une manière magistrale sur une forme de mensonge qui n'en est pas un...qu'il y a un point indépassable où la vérité purement scientifique s'efface devant le mystère et que la réponse est en chacun d'entre nous.

Tout simplement admirable...

J'avais été ébloui par ILLUSIONS PERDUES mais l'APPARITION aussi est un chef d'oeuvre.

 

L'APPARITION...ou quand une enquête se transforme en quête...
L'APPARITION...ou quand une enquête se transforme en quête...
L'APPARITION...ou quand une enquête se transforme en quête...
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