Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 décembre 2022 6 31 /12 /décembre /2022 15:46

Bonjour les amis,

J'ai vu hier SANS FILTRE le dernier film de Ruben Östlund qui a gagné la Palme d'Or du festival de Cannes cette année.

Voici le synopsis:

Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.

Avant de vous livrer certains commentaires personnels je vous invite à lire cette critique très complète et assez pertinente qui se rapproche de mon propre point de vue.

Ce qui m'a un peu gêné dans cette oeuvre ce sont d'abord les longueurs. Par exemple, au début du film,  Carl fait toute une scène à Yaya qui, bien que gagnant bien plus d'argent que lui, le laisse de manière assez hypocrite payer l'addition d'un restaurant. La scène est pertinente car elle est nécessaire pour comprendre le propos de l'auteur sur le néoféminisme actuel mais elle dure bien trop longtemps. Östlund en fait des tonnes et on se demande bien pourquoi. Le spectateur pouvait capter son propos en quelques minutes. Le film dure 2 heures 29 minutes et moi j'aurais pu couper une bonne demi-heure afin de donner plus de rythme au récit.

Nous voici donc plongés dans un huis-clos d'influenceurs hypernarcissiques et de bourgeois très aisés qui ont bâti des fortunes rapidement, des bourgeois souvent assez dépourvus de morale (comme l'un des couples à bord qui est propriétaire d'un quasi monopole sur la fabrication de grenades de guerre).

La croisière commence plutôt bien et l'organisation de la vie à bord du grand yacht de luxe est une parfaite métaphore de notre société, de sa fausse morale, de son cynisme et de ses discriminations sociales. Tout cela est traité avec dérision et drôlerie. Östlund manie particulièrement bien l'humour absurde.

Le périple des vacanciers, suite à une série d'événements que je ne révélerai pas, va aller de mal en pis, pour finalement virer carrément au cauchemar avec un groupe de survivants échoués sur une île déserte. C'est là que la fable du metteur en scène prend tout son sens: il se produira dans ce groupe un certain nombre d'inversions des rôles sociaux et des responsabilités assez jubilatoires.

Beaucoup d'ironie de la part d'Östlund. Un regard cruel posé sur l'hypocrisie du monde bourgeois, sur sa superficialité, son égocentrisme, sa mesquinerie mais aussi un regard très moqueur sur nos nouvelles morales wokistes et sur la cancel culture...Parfois ce qui se produit est tellement énorme qu'on hurle de rire (un humour digne du feu magazine HARA KIRI...un humour assez scatologique aussi).

Difficile de ne pas penser à Marco Ferreri et à sa GRANDE BOUFFE.

SANS FILTRE est un film choral mais je n'ai trouvé aucun personnage vraiment attachant, aucun personnage auquel le spectateur s'identifie et souffre avec lui.

Carl et Yaya sont tellement narcissiques et égocentriques qu'ils ne nous séduisent ni l'un ni l'autre.

Il y a Abigail, un personnage du film situé en bas de l'échelle sociale, qui va prendre une grande importance au cours du récit. On croit tenir avec elle notre vraie héroïne porteuse d'une solide morale mais, non, car elle aussi se laisse aller à certaines monstruosités. Le film est moins prévisible qu'il n'y paraît.

Finalement SANS FILTRE est un jeu de massacre auquel il ne manque qu'un héros mais c'est sans doute voulu par Östlund...Ceci étant dit, il y a plein de personnages qui apportent, chacun à leur manière, la touche d'humanité (et aussi d'humour) dont le spectateur a besoin.

Je terminerai en disant que le film, pour aussi énorme qu'il paraisse, impacte le spectateur et invite à la réflexion. 24 heures après l'avoir vu, les personnages restent terriblement présents dans mon esprit, ainsi que les valeurs qu'ils véhiculent  qui sont un miroir très cruel de notre société...

Partager cet article
Repost0
13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 07:09

Bonjour les amis,

Je viens de voir PARASITE de Boan Joon-ho qui a obtenu la palme d'Or au festival de Cannes.

Voici le synopsis:

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...

Le metteur en scène demande à juste titre à ceux qui veulent commenter son film de ne pas en dévoiler l'intrigue  donc j'en dirai le moins possible. Je me contenterai de faire certaines remarques d'ordre très général.

Le film surprend car au fil du récit on change de registre et de genre cinématographique, ce qui peut dérouter le spectateur. Disons qu'on démarre sur une comédie de moeurs...

La mise en scène est brillante et le récit très rythmé. Certains personnages sont délicieusement amoraux comme dans certains films de Chabrol. Et tout comme chez Chabrol, le film s'apparente parfois à un jeu de massacre...Il y a une moralité dans l' amoralité...

Boan Joon-ho utilise avec maestria le lieu central de l'action qui est une magnifique maison d'architecte et il en fait fait un personnage principal qui symbolise à lui seul toute la société coréenne (modernisme, influence de l'occident, l'ennemi du Nord, le passé enfoui, etc...).

Le film est construit comme une fable cruelle, comme une grande métaphore.

 Il y a aussi dans cette oeuvre une critique sociale sarcastique (lutte des classes et néolibéralisme), un humour acerbe, avec par exemple des passages assez savoureux dans lesquels les personnages ont une manière très particulière d'utiliser les nouvelles technologies. Dans ce film les portables peuvent se révéler aussi dangereux que les lance-flammes dans le dernier Tarantino...

Tous les personnages (notamment féminins) sont très bien interprétés et certains d'entre eux sont très  touchants et nous émeuvent.

Le film possède d'indéniables qualités, mais, malgré tout, j'ai partiellement décroché au bout d'une heure et 20 minutes car, à mon sens, l'histoire se dévoile trop : il reste à ce moment-là 45 minutes de projection et le spectateur commence à saturer un peu à cause d'une surenchère de rebondissements vaudevillesques qui ne sont au service  de rien (ou de si peu). La fin, quant à elle, redonne du sens à tout ce qu'on a vu précédemment.

Le metteur en scène a pris certains risques notamment en changeant de registre, mais aussi il se peut qu'il ait déçu certains spectateurs (comme moi) qui n'ont pas bien accepté un élément de l'histoire (dont je ne parlerai pas) qui fait définitivement basculer son film vers autre chose de plus terrifiant...on n'a plus du tout envie de rire, ni même de sourire. On ne renoue pas avec le ton de la première partie du film et ça m'a gêné considérablement. 

Finalement ce film c'est comme un bon plat bien présenté qui fait saliver mais qui ne va pas forcément tenir toutes ses promesses...on finit le repas avec une grosse arête dans le gosier !

Malgré ces réserves, il y a tant d'originalité et de brio dans la réalisation et on a tant de sympathie pour nombre des personnages que ce film mérite d'être vu de toutes façons. Donc je ne ferai pas la fine bouche...Mais moi, j'aurais retouché certains aspects du scénario pour lui donner plus d'homogénéité et j'aurais enlevé au montage une demi-heure.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0